La Slovénie avant l’expédition en Inde
On est partis avec Rod de Tarascon-sur-Ariège de bon matin direction la Slovénie. C’était là-bas qu’avait lieu la réunion préparatoire à l’expédition 2020 en Inde. On allait retrouver des canyoneurs du monde entier. Adrien Paris est un vidéaste français de renom, que vous connaissez peut être, vu qu’il a fait ses armes chez Spéléo Canyon Ariège. Il arrivait du Monténégro avec Julien Fichot, photographe canyon français, et Louis Rogissart, instructeur belge. Tous les trois avaient fait la saison d’été chez Adriatrek Canyon et remontaient en voiture depuis les Balkans. Olda Stos, une pointure du canyon en Europe de l’Est, d’origine tchèque, nous rejoignait pour le week end depuis Brno. Sa compagne Katka Hebka devait être présente mais suite à un problème médical elle n’a pas pu se joindre à nous. Un des coéquipiers d’Olda dans l’expédition 2018 à Chamjé Khola, l’italien Jari Triboldi, serait également présent avec sa copine Lia. Ils arrivaient de la Vallée d’Aoste. Un photographe canyon slovène viendrait lui aussi de Ljubljana la capitale, c’était Ziga Humar.
Yann Ouzoux, qui a participé à l’expédition Chamjé Khola 2011 aux côtés de Lionel et Rod, qui a longtemps travaillé en Ariège et qui est aujourd’hui président de l’association Himalayan Canyon Team, sera en direct depuis la Réunion, l’île cette fois, pour participer. Mais je vous avoue que celui qui nous intéressait le plus dans le camion en traversant la France dans sa longueur avant d’attaquer l’Italie, c’était Lionel Rias. Lionel, en plus d’être un excellent spéléo, avait travaillé pendant des années avec Rod dans le canyon du Chassezac et tous les deux avaient participé à l’expédition 2011 de Chamjé Khola, mais surtout, surtout, Lionel avait un appartement pour la nuit à Kobarid, Slovénie, et ça, ça valait tout l’or du monde.
Après 14 heures d’autoroute, on a retrouvé Lionel pour passer la nuit. Le lendemain, on est partis tous les trois faire un tour dans les Alpes Slovènes autour de Bovec avant de retrouver Adrien, Julien et Louis à Ljubljana. C’est le vendredi qu’on a rencontré l’équipe au grand complet, dans un gîte près de Bovec, pour la première réunion concernant l’expédition 2020. Il est question d’aller ouvrir le canyon de Khoksar en Inde, dans l’Himachal Pradesh, au début de l’Himalaya, après le fameux Rohtang Pass, dans la Vallée de Spiti. Une ouverture de canyon n’est pas une mince affaire. Il faut des renseignements sur le canyon lui-même, certes, son dénivelé, sa configuration mais aussi sur les alentours, les conditions météo, l’ensemble. Les réunions étaient un moyen de faire le point, sur les informations déjà collectées, et sur l’équipe. Parce que descendre un canyon où personne n’a été avant est aussi un travail d’équipe. Chacun dans l’équipe a des tâches précises, chacun a son rôle, et tous sont liés. Derrière ces noms qui ont fait déjà de grandes choses dans le monde du canyoning se trouve un être humain. Chacun se trouve seul face à soi-même dans ces conditions extrêmes et bon, c’est bien quand on affronte ses peurs d’être bien entouré.
Différentes réunions ont eu lieu pendant le séjour. L’équipe s’est formée ; Rod, Olda, Jari, Lionel et Yann assureront l’aspect technique dans le canyon, Adrien sera avec eux pour filmer l’aventure. Sur place, une équipe extérieure sera présente en cas de besoin d’intervention, avec Julien et Katka. Des locaux comme Monish Dave et Titli aideront aux préparatifs. Un hélicoptère a été mis à disposition de l’équipe. Les rôles de chacun ont été distribués pour préparer l’expédition, les aspects techniques ont été évoqués, le planning et l’organisation sur place, la logistique et la communication. Adrien et Julien ont présenté leur projet de film pour l’expédition. Adrien sera au cœur de l’action pour couvrir l’événement mais son projet est plus vaste et humain que de faire un simple film d’action. Un crowd founding va bientôt être ouvert d’ailleurs si vous voulez participer à l’aventure !
Pour lier l’équipe et pour se connaître en canyon, il a été question d’aller pratiquer tous ensemble. Le deuxième jour, on est allés dans le canyon de Kozjak. Il faut savoir que les Alpes Juliennes, en Slovénie, sont un endroit magnifique. Le cadre est superbe, de beaux massifs se dressent imposants autour de la rivière Soca, c’est un terrain de jeu superbe pour faire du canyoning. Kozjak, non loin de Kobarid, est un canyon assez court, très encaissé, taillé dans la roche, quotté V4A5II. L’équipe s’est retrouvé à l’entrée du canyon et tous se sont élancés dans cette grande faille. On a posé une corde uniquement à la fin, face à une cascade d’une vingtaine de mètres. Face à chaque obstacle dans le canyon, tout le monde sautait hop hop hop, c’était pas évident à suivre ! Une cascade ? On saute. Une autre ? Pareil. En sortant du canyon, il a été question d’aller s’entraîner au couper de corde près de la rivière aux eaux bleues turquoises.
Le jour suivant, on est allés faire un tour dans le canyon de Predelica, un peu plus long et technique. C’était une bonne occasion pour mettre en application les techniques développées par Himalayan Canyon Team dans leurs précédentes expéditions. Le début du canyon est superbe, ouvert sur les sommets en face, très minéral. On alterne toboggan et rappels, puis une longue progression horizontale, et la dernière partie se termine par une belle cascade de 45m. C’était intéressant de voir les techniques mises en place par l’équipe, de tester sur le terrain la théorie, de voir ce qui marchait et ce qui ne marchait pas.
Après ces quelques jours passés en bonne compagnie, on s’est séparés. Chacun est reparti à ses occupations, en attendant le prochain rendez-vous pour finaliser les préparatifs de cette expédition prometteuse ! Affaire à suivre…