L'Aventure Chamjesk
L’Aventure Chamjesk, un stage canyoning de perfectionnement de 3 jours
Une « Aventure Chamjesk » ? Ok mais que veux donc dire « Chamjesk » ?
Il y a maintenant 10 ans, l’équipe d’Himalayan Canyon Team dirigée par Rod Sturm, ouvrait la voie en descendant pour la première fois « le plus gros canyon du monde » au pied des Annapurnas (Népal). L’ouverture de ce canyon mythique, nommé Chamje Khola (V7.A7.Ex), aura demandé aux 11 participants plus de 2 ans de préparation, et le développement de techniques spécifiques de progression verticale en mode « explo », puis 2 jours d’approche pour 3 jours de descente (2300m de dénivelé) pour réaliser cet exploit.
Aujourd’hui, l’équipe de Speleo Canyon Ariege, dirigée par Rod depuis 2004, après plus d’un an de réflexion, de prospection et d’aménagement des équipements est enfin prête à accueillir ses stagiaires pour leur faire vivre une expérience similaire, adaptée à leur niveau.
Pourquoi une telle démarche professionnelle ? Pourquoi d’une aventure « associative et bénévole », faire le saut vers la conception d’un « produit » commercial ?
De nos jours, le temps du gaspillage environnemental est révolu, nous le savons tous. Et faire rêver d’aventure un public qui aura de moins en moins de chance de vivre la sienne paraît illusoire et injuste. Pour le leader d’Himalayan Canyon Team, seuls les expéditions et projets « Grey & light » sont encore viables…
Rod avec l’équipe de Speleo Canyon Ariege a décidé de limiter les grands déplacements et les expéditions lointaines pour se recentrer sur le potentiel naturel à proximité de leur centre de formation de canyoning à Niaux, en Ariège.
Ainsi, une mini-expé en mode « Chamjesk » à l’attention d’un public voisin des Pyrénées semble beaucoup plus cohérent afin de permettre aux canyoneurs initiés de vivre leur rêve d’aventure, de partager une expérience avec un des piliers du développement et de l’ouverture de canyon international.
Comment partager ces aventures extraordinaires avec les amoureux d’activité de montagne sans aller au bout du monde ?
Rod et son équipe ont imaginé et élaboré un « combo » de 3 jours au coeur des Pyrénées ariègeoises sur le modèle de l’ouverture de Chamje Khola, adressé aux canyoneurs amateurs de tous niveaux, afin de leur faire découvrir le monde confidentiel de l’exploration canyon au travers d’un programme unique au monde. Un beau challenge sportif, respectant l’environnement, incluant deux bivouacs, et renforcé par un programme pédagogique spécifique. Ce stage de perfectionnement canyon permettra aux participants de se former, de parfaire leurs techniques d’autonomie en canyoning, de renforcer leur sécurité dans la pratique, et finalement, d’apprendre toujours plus… Et il est certain que les photos d’Arthur tourneront longtemps sur la toile pour en faire rêver plus d’un !
Quel est donc l’objectif de cette « Aventure Chamjesk » ?
Enchaîner trois des plus beaux et des plus gros canyons ariégeois (Subra + Estat intégral + Artigue), cumulant un total de plus de 1000 mètres de descente, et nécessitant deux bivouacs, formé et encadré par Rod lui-même assisté par son incontournable photographe, Arthur Serres..
Afin de descendre en toute sécurité, Rod, qui seul saura encadrer ce stage perfectionnement canyoning, enseignera aux stagiaires de nouvelles techniques exclusives de descente de canyon d’envergure et de nombreuses astuces permettant de parfaire son autonomie dans l’activité.
Le programme de stage inclura donc la préparation de cette mini-expé et la formation aux bases de collecte d’information permettant le bon déroulement d’un tel challenge. Une projection privée du Film 52mn HD de Chamje Khola pour une meilleure compréhension des enjeux et pour affuter la motivation de chacun.
Ainsi, préparée et formée, la petite équipe de 6 stagiaires maxi sera prête pour l’aventure et l’exploration.
L’activité commencera le premier jour par la descente du Canyon de Subra (V3.A2.III), incluant la formation aux techniques de progression en autonomie et en équipe et la formation aux techniques de déséquipement. Les participants seront initiés aux spécificités d’expédition (sécurité, lecture, communication, efficacité, rapidité, matériel, etc.). Puis le soir, un bivouac confortable, au pied du canyon permettra de refaire le plein d’énergie.
Le lendemain, après une longue marche d’approche de près de 3 heures, aura lieu le clou du spectacle. La descente du Canyon d’Estat intégral (V4.A3.IV) qui n’est jamais descendu avec des « clients » car c’est une longue descente de plus de 700m de dénivelé, nécessitant technique et endurance. Un perfectionnement aux techniques de progression en autonomie et en équipe sera donc indispensable afin de progresser rapidement et en sécurité. Le tout complété par une formation aux techniques de déséquipement et optimisation du « mode expé » (sécurité et entraide binômes, efficacité et rapidité, « technique light » et matériel, etc.). Le soir, à la sortie du canyon aura lieu le bivouac Chamjesk 5 étoiles : inoubliable !!!
Puis le troisième jour, après une courte marche de transition, la descente du Canyon de l’Artigue (V3.A3.III), beaucoup plus aquatique que les deux canyons précédents, permettra un lavage complet de toute l’équipe. L’Artigue est un classique en Ariège, et afin d’apporter de la nouveauté aux participants connaissant déjà ce superbe canyon, l’objectif sera de progresser en autonomie et en équipe avec l’assistance de Rod. La formation aux techniques de progressions aquatiques (lecture et analyse des obstacles, entraide binômes et prise de décision, anticipation, jumps, fun et sécurité, etc.) permettra au équipiers de descendre ce canyon quasiment seuls – Et pour ceux qui en redemanderaient encore, l’enchaînement (optionnel) avec le petit canyon de Marc (V3.A3.II) sera la cerise sur le gâteau !
A qui s’adresse cette aventure exclusive ?
A tous ceux qui souhaitent approfondir leurs techniques de canyonisme tout en vivant une aventure unique. Pour tous les amoureux de montagne, de nature et ayant le goût de l’effort. Pour tous ceux qui aiment se découvrir hors de leur « zone de confort ». Pour tous les passionnés de canyoning de niveau intermédiaire à confirmé.
Il suffit d’avoir une expérience antérieure à la descente de canyon technique (V3.A3.III minimum) et à la descente en rappel en autonomie (20 mètres minimum). Bien entendu, il faudra être en bonne forme physique (Entraînement régulier à la randonnée ou à la course à pied avec dénivelé), savoir nager, et surtout garder le sourire pendant l’effort (seulement pour les photos) !
Pourquoi se former avec nous ?
En tant que professionnel canyon depuis plus de 30 ans, formateur International Canyon depuis 2004 sous le label Universal Canyoning Academy, et leader de plusieurs expéditions canyon en Himalaya, Rod vous garanti un enseignement technique, pédagogique et psychologique, individualisé et novateur, dispensé dans une région canyon exceptionnelle et variée. Vous serez accueilli dans le jardin du centre de canyon Speleo Canyon Ariege, où tout le matériel individuel et collectif adapté à une pratique efficace et sécuritaire vous sera fourni. (Le film de Chamje Khola dédicacé (DVD), le manuel du « Canyoneur autonome » (50 pages – version numérique) et le topoguide des plus beaux canyons ariégeois (version numérique) sont offerts).
Qui sera l’encadrant du stage ?
Rodolphe Sturm – DE canyonisme – BEES Speleo & escalade
Formateur canyon international – Fondateur « Universal Canyoning Academy » (UCA),
Responsable d’expédition et ouvreur de « Chamje Khola » V7.A7.Ex (Himalaya 2011),
Fondateur coordinateur « Himalayan Canyon Team » (HCT).
Une expédition indienne en Slovénie
La Slovénie avant l'expédition en Inde
On est partis avec Rod de Tarascon-sur-Ariège de bon matin direction la Slovénie. C'était là-bas qu'avait lieu la réunion préparatoire à l'expédition 2020 en Inde. On allait retrouver des canyoneurs du monde entier. Adrien Paris est un vidéaste français de renom, que vous connaissez peut être, vu qu'il a fait ses armes chez Spéléo Canyon Ariège. Il arrivait du Monténégro avec Julien Fichot, photographe canyon français, et Louis Rogissart, instructeur belge. Tous les trois avaient fait la saison d'été chez Adriatrek Canyon et remontaient en voiture depuis les Balkans. Olda Stos, une pointure du canyon en Europe de l'Est, d'origine tchèque, nous rejoignait pour le week end depuis Brno. Sa compagne Katka Hebka devait être présente mais suite à un problème médical elle n'a pas pu se joindre à nous. Un des coéquipiers d'Olda dans l'expédition 2018 à Chamjé Khola, l'italien Jari Triboldi, serait également présent avec sa copine Lia. Ils arrivaient de la Vallée d'Aoste. Un photographe canyon slovène viendrait lui aussi de Ljubljana la capitale, c'était Ziga Humar.
Yann Ouzoux, qui a participé à l'expédition Chamjé Khola 2011 aux côtés de Lionel et Rod, qui a longtemps travaillé en Ariège et qui est aujourd'hui président de l'association Himalayan Canyon Team, sera en direct depuis la Réunion, l'île cette fois, pour participer. Mais je vous avoue que celui qui nous intéressait le plus dans le camion en traversant la France dans sa longueur avant d'attaquer l'Italie, c'était Lionel Rias. Lionel, en plus d'être un excellent spéléo, avait travaillé pendant des années avec Rod dans le canyon du Chassezac et tous les deux avaient participé à l'expédition 2011 de Chamjé Khola, mais surtout, surtout, Lionel avait un appartement pour la nuit à Kobarid, Slovénie, et ça, ça valait tout l'or du monde.
Après 14 heures d'autoroute, on a retrouvé Lionel pour passer la nuit. Le lendemain, on est partis tous les trois faire un tour dans les Alpes Slovènes autour de Bovec avant de retrouver Adrien, Julien et Louis à Ljubljana. C'est le vendredi qu'on a rencontré l'équipe au grand complet, dans un gîte près de Bovec, pour la première réunion concernant l'expédition 2020. Il est question d'aller ouvrir le canyon de Khoksar en Inde, dans l'Himachal Pradesh, au début de l'Himalaya, après le fameux Rohtang Pass, dans la Vallée de Spiti. Une ouverture de canyon n'est pas une mince affaire. Il faut des renseignements sur le canyon lui-même, certes, son dénivelé, sa configuration mais aussi sur les alentours, les conditions météo, l'ensemble. Les réunions étaient un moyen de faire le point, sur les informations déjà collectées, et sur l'équipe. Parce que descendre un canyon où personne n'a été avant est aussi un travail d'équipe. Chacun dans l'équipe a des tâches précises, chacun a son rôle, et tous sont liés. Derrière ces noms qui ont fait déjà de grandes choses dans le monde du canyoning se trouve un être humain. Chacun se trouve seul face à soi-même dans ces conditions extrêmes et bon, c'est bien quand on affronte ses peurs d'être bien entouré.
Différentes réunions ont eu lieu pendant le séjour. L'équipe s'est formée ; Rod, Olda, Jari, Lionel et Yann assureront l'aspect technique dans le canyon, Adrien sera avec eux pour filmer l'aventure. Sur place, une équipe extérieure sera présente en cas de besoin d'intervention, avec Julien et Katka. Des locaux comme Monish Dave et Titli aideront aux préparatifs. Un hélicoptère a été mis à disposition de l'équipe. Les rôles de chacun ont été distribués pour préparer l'expédition, les aspects techniques ont été évoqués, le planning et l'organisation sur place, la logistique et la communication. Adrien et Julien ont présenté leur projet de film pour l'expédition. Adrien sera au cœur de l'action pour couvrir l’événement mais son projet est plus vaste et humain que de faire un simple film d'action. Un crowd founding va bientôt être ouvert d'ailleurs si vous voulez participer à l'aventure !
Pour lier l'équipe et pour se connaître en canyon, il a été question d'aller pratiquer tous ensemble. Le deuxième jour, on est allés dans le canyon de Kozjak. Il faut savoir que les Alpes Juliennes, en Slovénie, sont un endroit magnifique. Le cadre est superbe, de beaux massifs se dressent imposants autour de la rivière Soca, c'est un terrain de jeu superbe pour faire du canyoning. Kozjak, non loin de Kobarid, est un canyon assez court, très encaissé, taillé dans la roche, quotté V4A5II. L'équipe s'est retrouvé à l'entrée du canyon et tous se sont élancés dans cette grande faille. On a posé une corde uniquement à la fin, face à une cascade d'une vingtaine de mètres. Face à chaque obstacle dans le canyon, tout le monde sautait hop hop hop, c'était pas évident à suivre ! Une cascade ? On saute. Une autre ? Pareil. En sortant du canyon, il a été question d'aller s’entraîner au couper de corde près de la rivière aux eaux bleues turquoises.
Le jour suivant, on est allés faire un tour dans le canyon de Predelica, un peu plus long et technique. C'était une bonne occasion pour mettre en application les techniques développées par Himalayan Canyon Team dans leurs précédentes expéditions. Le début du canyon est superbe, ouvert sur les sommets en face, très minéral. On alterne toboggan et rappels, puis une longue progression horizontale, et la dernière partie se termine par une belle cascade de 45m. C'était intéressant de voir les techniques mises en place par l'équipe, de tester sur le terrain la théorie, de voir ce qui marchait et ce qui ne marchait pas.
Après ces quelques jours passés en bonne compagnie, on s'est séparés. Chacun est reparti à ses occupations, en attendant le prochain rendez-vous pour finaliser les préparatifs de cette expédition prometteuse ! Affaire à suivre...
Des écossais dans le canyon d'Estat
Des écossais à la conquête du canyon d'Estat.
Petit retour en arrière. Vous vous souvenez de l'écossais qui participait à ma première journée de canyoning dans le canyon de l'Artigue ? Et bien il se trouve qu'il a fortement apprécié l'Ariège et, lorsqu'il a monté sa propre entreprise de canyon The Canyoning Company, il a mis en place une formule de voyage. Voilà que des écossais débarquent en Ariège ! C'était en 2017. Pour les aider dans leur première expédition avec leurs clients, Rod leur met à disposition le centre et je leur propose de les aider. Ils sont restés une semaine, avec chaque jour un canyon différent. Pour finir en beauté, ils partent avec Rod à l'assaut du canyon d'Estat.
Ce fut une superbe journée. Il faisait grand beau et on rigolait dans la marche d'approche. On avait un peu de mal à se comprendre parfois, les accents hein... On a débouché hors de la forêt, au milieu des gispettes. La vue était imprenable sur le pic rouge de Bassiès et le canyon de l'Artigue. En dessous de la bergerie, on a pris notre déjeuner à l'entrée de la partie inférieure du canyon d'Estat.
Et nous voilà partis ! Les deux écossais étaient montés sur ressorts, l'équipe était maintenant au point, chacun était actif. Ceux qui n'équipaient pas les relais aidaient à remettre les cordes dans les sacs, transportaient les cordes en avant, on s'entraidait, on se marrait. Le canyon d'Estat est un bon challenge, même pour une équipe en place et motivée par une semaine de canyon. C'est le plus grand, le plus beau et le plus engagé de la vallée de Vicdessos.
De rappel en rappel, on progressait à travers le canyon. La concentration était de mise, la journée était technique. On a finit sous le soleil, après le corridor vient la grande cascade de quarante cinq mètres. Les écossais auront apprécié le challenge. Il est vrai qu'il est difficile de ne pas apprécier la douceur de vivre, la beauté des paysages et les canyons de l'Ariège. En partant, ils ont insisté pour que je vienne leur rendre visite en Écosse, ce qui sera fait quelques temps plus tard.
Alors les écossais ne sont pas là, mais on prévoit quand même une sortie au canyon d'Estat jeudi 08 août. Est-ce que vous voulez relever le challenge ? Il reste peut être une place...
Bivouac spéléo au Bufo Fret
Deux jours sous terre dans le réseau du Bufo Fret
Une expédition qui se prépare
Revenons à la racine de la chose ; qu'est-ce qu'une expédition ? D'après le Larousse, une expédition c'est entre autre ; "Voyage scientifique dans un pays éloigné ou difficile, ou voyage touristique plus ou moins important ou mouvementé ; hommes et matériel participant à ce voyage : Expédition au pôle Sud." Certes, nous ne sommes pas partis au pôle sud mais pour ce qui est de la partie mouvementée pourquoi pas. Bivouaquer dans le réseau du Bufo Fret, ce n'est pas rien. Olivier était le premier motivé par l'aventure, il a embarqué avec lui son fils Baptiste et Benoît un ami. Sandrine est venue se greffer également pour participer au projet. A la dernière minute, Morgan a vu passer l'évènement sur les réseaux sociaux et sans hésiter une seconde est venu compléter l'équipe. On avait notre équipe motivée, il nous restait à assurer la logistique. Il a fallu rassembler le matériel nécessaire ; combinaisons, harnais, casques, lumières, duvets... Et aussi la nourriture pour deux jours sous terre. J'étais en charge de préparer à manger pour le groupe et d'assurer la couverture médiatique de l'évènement, appareil photo au poing. Rod est parti plusieurs fois en reconnaissance sur le terrain, il a repéré les endroits clés et l'emplacement du bivouac. On s'est donnés rendez-vous à Bugarach le samedi matin, 10h.
Ensemble, on s'est occupés de conditionner les affaires. Les duvets, les fringues de rechange, la nourriture, les cordes et trousse de secours. C'est compliqué de conditionner les sacs pour une expédition comme celle là. Il ne faut rien oublier mais il faut le minimum, car les sacs en spéléo demandent une attention et une gestion particulière. Les sacs, il faut les emmener, et ce n'est pas une mince affaire à travers les entrailles de la Terre. Rod nous expliquait la gestion des sacs, sorte de troisième bras pour le spéléologue. On a réussi à avoir un nombre de sacs acceptable, avec tout ce qu'il nous fallait dedans. On s'est mis en route pour l'entrée du réseau du Bufo Fret.
Premier jour sous terre
Une courte marche d'approche nous a mis dans le bain direct, l'entrée de la grotte était là. Tête la première on se jette dans l'inconnu. Au début l'excitation et le management des sacs dominent l'activité. On arrive dans "le lac des lutins", on barbote dans l'eau, la roche nous donne quelques avants-goûts de ce que la nature sous terre peut nous offrir mais pas de lutin. On mange un morceau près du lac. C'est le moment de la première remontée sur corde. Et oui, l'originalité de ce réseau est de remonter dans la montagne.
Monter sur corde c'est une chose, notre équipe a été bien briffée par Rod, on s'économise, il n'y a aucune performance à suivre, il faut maîtriser la technique afin de remonter sans se cramer complet au début de l'exploration du réseau. Mais monter les sacs c'est encore une autre paire de manche. Un équipier monte, il est suivi d'un sac au bout d'une corde monté à la poulie. Ce passage fini, on attaque la section dites de "Pearl Harbor". Un peu plus technique, il faut se faufiler dans un passage plus étroit en se faisant passer les sacs. Une belle action ! L'esprit d'équipe est au beau fixe, on rigole, on transpire, les sacs passent d'une main à une autre, on monte dans le réseau et on arrive au "Grand Balcon". A partir de là, vacances ! Les sacs sont montés dans la "Galerie des Sables", lieu de notre bivouac et nous pouvons repartir explorer le réseau.
Une petite montée sur corde encore et nous entrons dans la "Galerie des piques". L'ambiance est superbe, nous sommes sept explorateurs sous terre, des concrétions partout s'agencent comme des représentations théâtrales de mère nature, à chaque pas on découvre de nouvelles formes. C'est assez grand et pour se repérer Rod a emmené avec lui sa tablette et une version PDF de la topographie du réseau qu'on peut agrandir à 400%. C'est beau la technologie !
On découvre amusés les noms donnés aux différentes parties du réseau, pas toujours drôle comme "la peste brune" ou plus enjoué ; "le réseau boubou". Pour l'instant il semblerait qu'on soit dans la "Galerie des intraterrestres". On continue d'avancer, on passe de salles assez vastes à des sections plus étroites, on fait attention où l'on met les pieds. Des fois de grandes failles creusent le sol et on n'en voit pas le fond. C'est l'aventure !
Dans la "Galerie des petits gris", on arrive au grand toboggan d'argile. Avant d'y aller Rod nous annonce qu'il n'a pas été plus loin dans ses explorations précédentes de la cavité. Il est, comme nous, face à l'inconnu et donc face à la découverte. Remonter un toboggan d'argile n'est pas la meilleure idée que tu aies jamais eu. Rod trouve un passage, on se faufile, on arrive face à un laminoir, passage qui peut être large mais bas de plafond, on y est obligés de se déplacer en rampant. On sort de là au-dessus du toboggan, pari réussi ! On continue, grisés par la découverte et l'inconnu.
Se repérant avec la tablette, on arrive à savoir qu'on fait ce grand virage à 360°, pour l'instant ça va, tout le monde a le sourire, tout le monde veut continuer. Mais au bout de quelques instants on se trouve face à une crevasse où l'on avance en opposition, avec un peu de gaz sous les pattes et il semble que devant on ne puisse plus aller bien loin sans s'exposer dangereusement. Rod prend la décision de faire demi-tour, nous expliquant que c'est le lot des spéléologues de devoir renoncer sans avoir vu le fond. Il est rare de voir le fond. On fait donc le chemin inverse, on remonte ou descend des cordes, on arrive au bivouac. La notion du temps a complètement disparue dans notre équipe.
Au bivouac, il est question d'installer un endroit repéré avant par Rod pour le coin pipi, d'enlever les combis pour se mettre des habits secs, de préparer le repas. Sur une bâche on étend une belle nappe, on dispose les vivres. Le saucisson, la saucisse de foie, les anchois marinés à la provençale, quelques radis, des tomates cerises, des olives, un fromage de chèvre et un toudeille vache-brebis, la soupe de poireaux pommes de terre, recette de ma grand-mère, chauffe sur un réchaud. On mange de bon appétit, tout le monde a le sourire mais la fatigue est présente. On a crapahuté huit heures dans le réseau et quand la soupe arrive elle est appréciée par tous. Un petit verre de Gaillac pour remettre les plus vaillants sur pied, on se marre autour de la table, on se remet d'une belle journée en exploration. On installe le bivouac, une tente collective est amarrée au milieu de la belle "galerie des sables", tous nos explorateurs s'y installent sauf Baptiste décidé à affronter seul la nuit sous terre mais quand même juste à côté des autres.
Deuxième jour sous terre
La nuit fut marquée de sporadiques ronflements non identifiés, l'ours des cavernes peut être ? On ne s'est pas réveillé tôt, on a pris le café et un petit déjeuner, puis on a rangé le campement, reconditionner tout dans les sacs devenus plus légers. Le but est de ne laisser aucune trace de notre passage afin de ne pas déranger le monde souterrain. Avant de repartir de la "Galerie des sables", on va pousser un peu dans cette galerie, voir ce qu'il y a plus loin.
On passe dans un laminoir et on arrive dans une belle petite salle où la roche prend des formes insoupçonnables. Plus loin le laminoir est trop étroit pour qu'on puisse s'aventurer dedans. On fait demi-tour et on revient à notre bivouac. L'exercice de reconditionnement effectué, on peut descendre les sacs au carrefour entre le chemin du retour et les cordes pour monter jusqu'à la "Galerie des piques" d'où on pousse jusqu'à la "Galerie blanche".
Ce qui est superbe dans le réseau du Bufo Fret, c'est que chaque galerie possède un style bien particulier, le paysage n'est jamais le même et on découvre sans arrêt les différents paysages cavernicoles. La galerie blanche, quasiment inconnue pour Rod, est assez resserrée, accidentée, de belles concrétions finement ciselées s'étendent dans la roche, l'ambiance y est plus électrique. On monte, on passe en opposition quelques endroits et puis on se retrouve au puits.
Difficile d'avancer plus, on fait demi-tour. Nous retrouvons les sacs et l'emplacement est idéal pour un pique nique du midi. Il ne nous reste plus qu'à retraverser "Pearl Harbor" dont le souvenir restait vivace chez nous. Étrangement la descente s'est faites très rapidement et sans grandes difficultés. On a retrouvé le lac après avoir descendu en rappel ce que la veille on montait au bloqueur. On a retrouvé la sortie sous un grand soleil, sous les sacs la plage et on est redescendus à la voiture pour se changer, ranger le matos, boire une bière et échanger avec le sourire sur cette sortie.
Une expédition comme celle-ci ne laisse pas indifférent. La notion du temps s'échappe, les téléphones n'existent plus, le lien avec l'extérieur est complètement coupé, on est dans un monde hostile et étranger, loin de la maison. On fait face à soi même, ses peurs et ses envies mais on est bien entourés. C'est une belle expérience et un intense morceau de vie. Avec la bonne équipe, c'est un plaisir partagé ! Si vous aimez l'aventure et la découverte, n'hésitez pas à vous renseigner sur nos prochaines expéditions en bivouac !
Texte, crédit photo, dessin et vidéo : Arthur Serres
Une expedition au Canyon d'Estat
Le canyon d’Estat, toute une aventure !
Le canyon d’Estat est le plus beau et le plus grand de la vallée de Vicdessos. Sur toute une journée, l’expédition prend place au pied des 3000 ariégois. La marche d’approche déjà sportive nous amène en-dessous du pic d’Estat, 3144 mètres d’altitude tout de même. Une belle rando pour commencer la journée en introduction avant de commencer la descente proprement dites. En face du pic rouge de bassiès, surplombant le canyon de l’Artigue, le canyon d’Estat se découpe dans du schiste rouge entre paysage de haute montagne et rappels.
Or c’est une première en cet été 2018, on monte une expédition ! La fonte des neiges tardive nous offre des conditions aquatiques exceptionnelles pour cette aventure unique. Cette descente sportive nécessite de combiner endurance et technique. Dans ce canyon chacun a son rôle à jouer, chacun participe à l’avancement du groupe.
Alors si vous êtes initiés au rappel, si vous voulez approfondir vos connaissances en canyoning, si vous avez l’esprit d’équipe, si vous voulez vous évader, si la nuit vous rêvez de canyon en haute montagne, si vous avez envie de vous rafraichir, rejoignez l’équipe d’Estat le mardi 07 août 2018 !
Le canyon de l'Artigue, la version sportive
Le canyon de l'Artique, aquatique et sportif
Avec notre équipe nous sommes allés repérer le canyon de l’Artigue il y a deux jours. Le niveau de l’eau était assez élevé à la sortie du printemps et après la fonte des neiges. Une belle occasion de se confronter à ce canyon qui devient alors très aquatique.
On y a passé une superbe matinée, entre le repérage pour préparer les futures sorties de cet été et une bonne dose d’amusement pour nous.
Il a fallu faire un peu attention quand même, le niveau aquatique appelait à la prudence. Mais quel bonheur d’avoir toute cette eau juste pour nous ! On a sauté un peu partout, sous un magnifique soleil, dans l’eau turquoise.
On s’est vraiment régalé, après avoir sondé les vasques et changé quelques amarrages, le canyon est maintenant praticable, idéal pour une sortie sportive qui envoie un peu !
Alors, la coupe du monde est finie, l’aventure du canyon de l’Artigue commence,
et vous, vous faites quoi cet été ?